La Suisse manque d’informaticiens : état des lieux 2025

Les défis de la pénurie d’informaticiens en Suisse : un regard sur les enjeux de la formation et de la mondialisation des talents

La Suisse, réputée pour sa prospérité économique, se trouve toujours confrontée à un défi majeur : la pénurie d’informaticiens.

Si la transformation numérique s’accélère dans tous les secteurs, la formation et le recrutement peinent à suivre.

Les entreprises, grandes et petites, doivent rivaliser pour attirer les profils techniques — et de plus en plus souvent, elles recrutent à l’étranger ou délocalisent certaines activités IT.

Cependant, la situation évolue : les derniers chiffres montrent que le marché reste tendu, mais moins qu’en 2023, avec des différences notables selon les métiers et les régions.

La demande croissante en informaticiens

La digitalisation de l’économie continue de générer une forte demande en compétences informatiques.

En 2024, près de 266 000 personnes travaillaient déjà dans les métiers des technologies de l’information et de la communication (TIC) en Suisse.

Selon ICT-Formation professionnelle Suisse, il faudra 128 600 spécialistes supplémentaires d’ici 2033, soit une pénurie nette estimée à 54 000 postes si les tendances actuelles se maintiennent.

Mais cette demande se transforme : les entreprises cherchent aujourd’hui des profils plus spécialisés — cybersécurité, intelligence artificielle, cloud, data science, ingénierie logicielle avancée — tandis que certaines fonctions plus générales voient une concurrence accrue.

compétences IT

Formation : un système sous tension

Les établissements suisses ont nettement progressé depuis 2023, mais le rythme des innovations technologiques reste difficile à suivre.

Les universités, hautes écoles et filières d’apprentissage adaptent leurs programmes, notamment en intégrant des modules sur l’IA, la cybersécurité ou la programmation orientée données.

Malgré cela, le fossé entre les besoins du marché et les compétences disponibles demeure : de nombreuses entreprises signalent encore un manque de candidats opérationnels immédiatement après leur formation.

Cette situation alimente le débat sur la revalorisation de la formation professionnelle IT, qui reste l’un des leviers les plus efficaces pour répondre rapidement aux besoins du marché.

Le paradoxe du marché du travail

Si les entreprises disent manquer d’informaticiens, les chiffres du Secrétariat d’État à l’économie (SECO) montrent une hausse du chômage dans le secteur IT : +26 % entre janvier 2024 et janvier 2025, avec environ 3 600 informaticiens inscrits au chômage.

Ce paradoxe s’explique par une inadéquation entre les compétences disponibles et les postes proposés : certaines entreprises recherchent des experts très pointus, tandis que les candidats disposent de profils plus généralistes.

Le groupe Adecco Suisse note aussi une baisse de 18 % de l’indice de pénurie de main-d’œuvre IT en 2024, signe d’un léger rééquilibrage du marché — sans pour autant résoudre la tension structurelle.

Recrutement à l’étranger : une solution temporaire

De nombreuses sociétés suisses continuent d’élargir leur recherche de talents à l’étranger.

Le recrutement international reste une solution incontournable, notamment pour les domaines techniques spécialisés.

Certaines entreprises vont plus loin en ouvrant des bureaux IT à l’étranger (Europe de l’Est, Inde, Portugal) afin d’accéder à des pôles de compétences spécifiques et à des coûts plus compétitifs.

Cette stratégie, si elle améliore la productivité, pose la question de la souveraineté numérique suisse et du maintien des savoir-faire sur le territoire national.

Investir dans l’avenir de l’informatique en Suisse

La Suisse fait face à un défi de taille avec la pénurie d’informaticiens, mettant en lumière les lacunes du système éducatif et les défis de recrutement à l’étranger.

Pour assurer sa position de leader dans l’économie mondiale, il est impératif que la Suisse investisse dans la modernisation de ses programmes éducatifs en informatique.

En suivant des formations de qualité sur place, les futurs informaticiens contribueront non seulement à combler le fossé actuel mais aussi à soutenir l’innovation et la croissance continue du secteur informatique suisse.